Le rapport EAT-Lancet comme point d’ancrage
Auteur - Martin Quirion
Les enjeux liés à l’alimentation sont à la fois nombreux et interconnectés : changements climatiques, pollution, malnutrition, gaspillage alimentaire, maladies chroniques, etc. Les scientifiques préviennent que nous n’arriverons pas à nourrir les populations de demain sans un virage radical des pratiques agricoles et des habitudes alimentaires.
Le premier « régime santé planétaire » a été dévoilé en 2019. Formée de 37 scientifiques originaires de 16 pays différents, la commission EAT-Lancet s’était donné comme défi d’identifier les tendances alimentaires pouvant combler les besoins nutritionnels de tous les humains en 2050, et ce, sans dépasser les limites environnementales de la planète. Leur recommandation consiste essentiellement à prioriser les légumes, les grains entiers, les légumineuses et les noix, et à limiter la viande rouge à une portion par semaine.
Ce régime planétaire s’écarte beaucoup de ce que la majorité des Occidentaux consomment. Les produits animaux prennent actuellement beaucoup de place dans l’alimentation et une grande importance est accordée aux traditions et au plaisir gustatif. Le défi consiste donc à réorienter cette culture de façon que la survie collective et la durabilité écologique pèsent davantage dans les choix alimentaires.
Transition AlimenTerre Québec se donne comme mission de faire évoluer la consommation et la production d’aliments au Québec dans le sens qui s’impose pour contrer la crise écologique. L’assiette préconisée par EAT-Lancet représente un objectif clairement défini que notre population et nos politiciens peuvent viser - même qu’elle ressemble en tous points ou presque à l’assiette du Guide alimentaire canadien.
En partant des données du rapport EAT-Lancet, TATQ a calculé les cibles concrètes que la population québecoise doit atteindre :
Collectivement, il faut réduire de 50% notre consommation de produits animaux.
Nous savons que cela fonctionne. La première grande étude visant à évaluer directement l’impact de l’adhésion aux régime santé planétaire (RSP) a été publiée le 10 juin dernier dans The American Journal of Clinical Nutrition.
« Les changements climatiques mettent notre planète sur la voie d’un désastre écologique, et notre système alimentaire joue un rôle majeur », a déclaré l’auteur Walter Willett, professeur d’épidémiologie et de nutrition. « Modifier notre alimentation peut contribuer à ralentir le processus de changement climatique. Et ce qui est le plus sain pour la planète l’est aussi pour l’humain. »
L’étude a révélé que le risque de décès prématuré était inférieur de 30 % chez les 10 % de participants aux habitudes alimentaires les plus proches de RSP par rapport aux 10 % qui s’en éloignaient le plus. Toutes les principales causes de décès, y compris le cancer, les troubles cardiaques et les maladies pulmonaires, étaient plus faibles avec une plus grande adhésion à ce modèle alimentaire.
En outre, les chercheurs ont constaté que ceux qui adhéraient le plus au RSP avaient un impact environnemental nettement plus faible que ceux qui y adhéraient le moins : une réduction de 29 % des émissions de gaz à effet de serre, de 21 % des besoins en engrais inférieurs et de 51 % de l’utilisation des terres cultivées.
Les chercheurs font remarquer que la réduction de l’utilisation des terres est particulièrement importante pour faciliter le reboisement, qui est considéré comme un moyen efficace de réduire davantage les niveaux de GES qui sont à l'origine du changement climatique.
Les résultats montrent à quel point la santé humaine et la santé de la planète sont intimement liées.